Les Terrils, en première partie de Chocolat Billy, au Schip. Je découvre l’endroit. Il ne s’agit pas, à proprement parlé, de concerts en appartements. C’est plutôt la mise sur pied d’une réelle petite salle alternative. Dans un quartier où existent d’autres ateliers d’artistes. Réellement, une initiative pour pallier au manque d’audace des programmations officielles et institutionnelles. On n’a pas l’impression d’un lieu qui va fonctionner, ponctuellement, au coup de cœur, au hasard des rencontres. Il y a somme toute un projet avec, en amont des individus informés, passionnés qui ont plutôt envie de dérouler toute une logique de visibilité pour d’autres groupes, d’autres tendances. Il y a forcément une autre manière de s’informer, de s’immerger au plu vif dans les tendances, dans l’émergence (alors que les circuits officiels sont un peu forcés de fonctionner avec des manières de sélectionner basées sur le mérite commercial ou sur des mécanismes d’examen qui ne sont pas toujours favorables à l’innovation, la prise de risque…, mécanismes qui ne sont pas simples à remplacer, ceci dit). Il y a aussi, dans ce genre de salle, une présence des organisateurs qui ne tient pas simplement à « vérifier si la salle est remplie », encore une fois une présence attentive, on parle bien d’un dispositif global d’attention qui crée une qualité de l’instant. Bon, Les Terrils, par rapport à leur première démo, présentaient un jeu complet de nouvelles chansons. La formule guitare/batterie (avec un peu d’accordéon, le percussionniste étant multiinstrumentiste), il me semble, s’est encore affûtée, plus efficace, a accentué sa manière lapidaire et un peu crasse d’utiliser les références blues, rock, toutes ces influences roots des musiques populaires. Quant à la manière de chanter de Frédéric Deltenre (qui écrit aussi les textes), elle évolue aussi, elle s’est considérablement modifiée, s’affirmant de plus en plus dans un engagement vers le sens du texte, trouvant un style et un ton de plus en plus personnel, apportant des réponses originales aux questions essentielles : comment chanter l’actualité, comment parler de notre contexte social et politique, comment rendre compte du mental contemporain, comment chanter tout ça en français, comment réinventer une chanson engagée, nerveuse, cinglante et poétique à la fois !? Toutes problématiques que la scène « chanson française » a tendance à minimiser (pour ne pas dire plus). Et donc, retour musclé et racé vers une chansons essentielle, protest song postmoderne ou plutôt protest song de nos sociétés hyperindustrialisée (selon les catégories de Bernard Stiegler). S’agissant de nouveaux textes, j’avoue que la prestation live ne permet pas de saisir tous les mots, mais on capte l’essentiel (manière aussi de vérifier que la musique fonctionne sans une compréhension absolue des paroles, grâce à, finalement, à la création d’un vrai style, qui tient un peu, si je peux me permets, à l’incarnation nouvelle, actuelle, de la position de l’idiot qui chante sur les travers et n’hésite pas à souligner, montrer du doigt, ce que plus personne n’ose dénoncer, parce que le libéralisme est tellement intériorisé comme une nouvelle nature que plus personne n’envisage de s’exprimer naïvement contre ; or cette expression aussi naïve est indispensable). Et donc, comme on redécouvre que l’on peut chanter de nouveau ce genre de choses, sans que ça fasse « vieux machin politicard », et que ça fait bien d’entendre chanter ce genre de chose, il y a comme un enchantement. Quelque chose redevient possible (au même titre que ce que rend possible l’élection dObama !). Fatigue de fin de semaine, heure des trains, je n’ai malheureusement pas pu entendre la prestation de Chocolat Billy, juste eu le temps de constater qu’ils lisaient tous La Sélec avant concert et qu’ils regrettaient que ce genre de presse ne se trouvaient plus en France !!! Question de politique culturelle, pour conclure: ces lieux, avec les compétences sociales et culturelles qui les animent sont indispensables à rendre accessible une diversité culturelle dans son actualité urgente; aucun lieu officiel ne pourra raisonnablement et à long terme « reprendre » à son compte ces compétences qui se renouvellent rapidement; peut-être faut-il soutenir ces lieux « particuliers », par des subsides appropriés, en les cherchant via une diminution du budget du Botanique qui pourrait programmer un peu; soutenir en quelque sorte un réseau de salles alternatives, en leur laissant liberté totale sur la programmation, un peu sur le modèle du Club Plasma mais qui, lui, est réservé aux artistes « belges ». Or, dynamiser une scène alternative qui soit « aussi » internationale serait une bonne chose pour la créativité des artistes belges. Et il y aurait dix ou vingt salles alternatives actives, bien soutenues, la Médiathèque se porterait beaucoup mieux! – La programmation de ce vendredi 7 novembre était due à Philippe Delvosalle.
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